En tant qu’acteur connu et reconnu du littoral dunkerquois, l’Afeji Hauts-de-France est missionnée pour effectuer des maraudes auprès des migrants sur le site du Puythouck à Grande-Synthe.
L’action consiste à leur proposer des places d’hébergement ouvertes par l’Etat sur le Département du Nord.
La météo du mois de février 2021 a particulièrement glacé le quotidien des professionnels et de la centaine de migrants qui survit sur le camp (majoritairement des hommes seuls, kurdes).
En réponse à cette période hivernale, le préfet des Hauts-de-France a déclenché le niveau 2 du Plan grand froid en débloquant de nouvelles places d’hébergement.
Concrètement, le nombre de bus à destination des CAES (Centre d’Accueil et d’Examen des Situations administratives) est passé de 1 à 3 quotidiennement pour mettre à l’abri ces personnes qui dorment dehors par des températures atteignant jusqu’à – 15 degrés.
Le mercure négatif n’a pas freiné l’action de l’Afeji, bien au contraire !
Les maraudeurs : Abdelfattah, Arean, Sophie, Eric, Claude, François et Christelle, répondent présents tous les jours, week-end inclus. Ils font preuve de beaucoup d’humanisme et d’humilité pour convaincre les personnes et les familles de se mettre à l’abri.
« Nous ne les forçons pas à monter dans le bus, c’est un choix de leur part. Là est toute la complexité de notre action. Nous devons faire preuve de pédagogie et parfois user d’arguments forts, sans ménagement, tels que « tes enfants vont mourir si tu passes la nuit dehors »… Mais malheureusement ça ne suffit pas toujours à les persuader ! » confie Christelle.
« La promesse des passeurs de traverser la Manche est plus forte. Leur objectif c’est l’Angleterre coûte que coûte, au risque de tout perdre. » ajoute Abdelfattah
« Malgré tout, nous gardons tous le même cap : orienter ces personnes vers la mise à l’abri. » précise Sophie.
« Nous sommes un repère pour ces personnes, nous sommes connus et reconnus sur le site, la confiance est le socle de notre accompagnement. » complète Claude.
Des départs quotidiens
Après la maraude matinale, de tente en tente, les pieds dans la boue, les professionnels vêtus de leur manteau orange floqué du logo de l’Afeji, arrivent à 11h30 au point de rendez-vous du bus au départ des CAES.
« Ce matin, c’est calme» s’exclame Claude. « Les migrants ont confié qu’ils n’avaient plus froid. Ils ne ressentent pas le besoin de partir et ont encore moins l’envie de s’éloigner du littoral dunkerquois ».
Malgré tout, un bus fait son arrivée sur le parking. Après une distribution de masques de protection contre la covid 19, ce sont une dizaine de personnes volontaires qui montent à bord pour rejoindre un CAES à Armentières et à Trith-Saint-Léger, près de Valenciennes.
La destination est différente tous les jours. Des centres sont mis à disposition pour l’accueil à : La Longueville, Tourcoing, Morbecque, Laon, Flers-en-Escrebieux et Wambrechies (pour les Mineurs Non Accompagnés).
Que deviennent ces personnes ?
« Nous ne savons pas toujours quel chemin ils décident de suivre. La demande d’asile ou parfois ils partent juste pour une nuit (pour se reposer) et sont de retour dès le lendemain sur le site du Puythouck. Ou alors ils réussissent leur traversée…» précise Sophie.
Au même moment, Arean, professionnel de l’Afeji et traducteur Kurde, échange avec un migrant. Ce dernier présente sur son téléphone des amis qui sont en Angleterre. Sûrement une source d’espoir pour lui, … Pour l’heure, il accepte tout de même de monter à bord du bus.
Il est 12h45, le bus démarre. L’après-midi une nouvelle action de maraude se déroulera sur le site du Puythouck.
Avec beaucoup de bienveillance, Christelle précise : « Malgré la difficulté de la mission, nous sommes passionnés par notre métier, par l’intensité du quotidien. Je suis fière de participer à cette action et de transmettre notre leitmotiv : toutes les vies ont la même valeur, auprès des partenaires sur le terrain.»
C’est avec une énergie et un dynamisme sans appel que les professionnels agissent auprès de ces publics fragilisés. Leur action est remarquable et fait chœur avec les valeurs de militantisme et d’humanisme qui incarnent l’Afeji Hauts-de-France.
En chiffres :
• 1221 personnes mises à l’abri depuis Janvier 2021
• 10 945 personnes mises à l’abri depuis 2018